Les innovations plastiques répondent à une double pensée théologique : une "concentration lumineuse", et une théologie de l’abaissement (Kénose).
[1] Joao Paolo COSTA, Indicios, A escuta dos traços de Deus, Universidade Catolica Editora, 2016.
Nous présentons deux architectures intérieures remarquables, ainsi que quelques aménagement liturgiques et artistiques, dans l’église du petit Sémaire et dans la chapelle du grand Séminaire de Braga, Portugal
[rouge]Cliquer sur les photos pour un agrandissement (Photos : J. Cottin)[/rouge]
Braga, 3e ville du (nord du) Portugal, ville universitaire de 60 000 étudiants, possède une importante Université catholique. La faculté de théologie de cette Université se caractérise par son ouverture sur la culture contemporaine, en particulier les arts.
L’un des jeunes théologiens de cette faculté Joao Paolo Costa, a publié un ouvrage remarqué, Indices. A l’écoute des traces de Dieu, (dans la culture contemporaine, en particulier le cinéma). [1]
Nous présentons ici quelques aménagements liturgiques, architecturaux, artistiques modernes, dans une église et une chapelle de cette ville.
Joachim Félix, théologien, vice-recteur, a été l’une des chevilles ouvrières de ce projet, qu’il nous commente, d’un point de vue esthétique, architecturale, théologique et liturgique.
[vert]Capela Imaculada. Seminário de Nossa Senhora da Conceição, Braga, Portugal.
Cabinet d’architectes : Imago – Cerejeira Fontes Arquitectos. Architectes : António Jorge Fontes, André Fontes. Artiste : Asbjorn Andresen.[/vert]
En décembre 2015, a été inauguré à Braga, le nouvel aménagement de l’église du petit Séminaire. Une réalisation remarquable, d’un point de vue des matériaux utilisés, de la symbolique plastique et liturgique. L’esthétique est de type « minimaliste » ; ce sont les matériaux eux-mêmes qui sont signifiants, dans un dialogue avec la lumière, une lumière tamisée
Cerise sur le gâteau, dans cette églises aux conceptions modernes et aux formes nouvelles se trouve une très étonnante sculpture de Marie, due à l’artiste norvégien (protestant) Asbjorn Ardersen, l’un des maîtres d’œuvre de cette réalisation architecturale collective.
Différents élément composent cette « église double » ; double, dans la mesure où l’église principale, rectangulaire, et composée d’une nef unique, comprend une seconde église –une petite chapelle en bois posée sur pilotis, une sorte de forêt de poutres de bois. Identifions les différents éléments qui composent cette étonnante église intérieure du 21e s. (l’extérieur de l’église, en revanche, est de formes traditionnelles).
L’église principale
Le rectangle de la nef unique, qui a mis à nu les pierres apparentes du mur extérieur, est surmonté d’une coque inversée en béton armé. Entre les pans verticaux qui soutiennent cette coque en arc en plein cintre et le mur extérieur, un espace qui laisse filtrer la lumière. La coque en béton est elle-même trouée de fentes lumineuses, qui laisse transpercer des raies de lumières
L’entrée (soubassement en bois de la 2e église)
En entrant dans l’église, on n’aperçoit tout d’abord que la forêt de colonnes de bois, qui forme un espace protecteur et mystérieux, que l’on doit traverser pour accéder à la nef, parfaitement dégagée ; Ce n’est qu’ensuite que l’on se rend compte que cette structure en bois, complexe, supporte un niveau supérieur, constituée par une petite chapelle entièrement en bois, une « église dans l’église ». De fait le pilier de pierre qui se trouve au milieu des poutres de bois consitue le support de l’autel de pierre de la chapelle supérieure au premier étage. Une sorte de « cheminée inversée ».
La sculpture de Marie
Il s’agit d’une « Marie » très peu mariale, sculptée en bois par le sculpteur norvégien Asbjorn Ardersen. Elle ne trône pas au-dessus de l’assemblé, mais est assise dans l’assemblée, sur l’un des bancs, aumilieux de tout un chacun. Elle est habillée simplement, et tient une couronne non sur sa tête, mais dans ses mains (signe que l’on pourra interpréter de manière « protestante » ou « catholique). L’artiste a voulu représenter avant tout une femme du peuple, une mère, la mère de Jésus.
Nous voyons sur les photos l’artiste assis à côté de sa sculpture, expliquant sa réalisation – en fait dialoguant avec elle (il adopte les mêmes gestes).
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L’autel
Il est formé d’un bloc de granit en partie non taillé ; le non taillé, « c’est le don de la nature », aime à dire Joachim Félix. Ce bloc de granit est posé sur des piles en acier, lesquelles reposent sur une surface légèrement creuse, à peu près de même dimension que le bloc de pierre, remplie d’une fine surface d’eau. Ce que l’on croit de prime abord n’être un reflet du granit poli est en fait une surface d’eau.
Ce n’est pas tout. Il ne s’agit pas d’eau stagnante, mais d’eau vivre, qui coule de manière ininterrompue (grâce à une pompe souterraine), créant une sensation de vie des éléments, mais aussi un léger bruit d’une eau courante.
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Le « vitrail » de marbre au fond du choeur
La longue, haute et étroite fenêtre du fond de l’abside est recouverte – mais à distance – par une surface de même dimension, constitué par un marbre très clair (presque de l’albâtre) laissant passer une lumière diffuse. Sur les bords et en bas (le marbre n’est pas posé sur le sol, il est suspendu), la lumière se fait plus vive.
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La chapelle supérieure « Pleine de grâce » (Capela Cheia de Graça)
Elle est située sur la plate forme surélevée d’un ensemble qui semble chaotique (en fait très ordonné) de poutrelles et structures de bois.
C’est en fait une petite chapelle circulaire en bois, enserrée à l’intérieur de la forêt de piles en bois. Cet espace intime, intimiste, n’est pas accessible depuis l’église du bas. Il faut monter dans le bâtiment attenant à l’église pour trouver l’entrée du niveau supérieur. L’autel constitue l’extrémité supérieure de la pille de pierre qui part de la base de l’église.
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Capela Árvore da Vida. Seminário Conciliar de S. Pedro e S. Paulo, Braga, Portugal
Cabinet d’architectes : Imago – Cerejeira Fontes Arquitectos. Architectes : António Jorge Fontes, André Fontes. Artiste : Asbjorn Andresen[/vert]
Cette chapelle s’inscrit dans le Séminaire Conciliaire de Saint-Pierre et Paul, destiné à la formation des prêtres. La chapelle utilise le bois comme un élément constructif expressif et explore la richesse de la lumière naturelle comme élément qualificatif de l’espace. Elle est de toutes petites dimensions ; l’unique source de lumière naturelle est située en hauteur : la structure en bois, type chalet, s’ouvre pour faire place à une forme anguleuse qui laisse passer la lumière.
En harmonie avec cet ensemble fait d’éléments naturels (bois), le mobilier liturgiques, les vêtements liturgiques fait en tissage à la main. Pour indiquer les temps liturgiques, non des étoles, mais des disques de marbre translucide de différentes couleurs.