Tournai : la Renaissance du Livre, 2001. 165 pages dont 163 planches couleur. ISBN 2-8046-0498-5
Auteur : Jacques de LANDSBERG
Nous avons là une étude iconographique relativement complète du thème de la croix et de la crucifixion dans l’art occidental, des premiers siècles au 20e siècle. C’est dire si l’a. fait preuve d’esprit de synthèse. Comme il s’agit là du thème central de l’art chrétien, l’étude est en fait un manuel d’iconographie de l’art chrétien : en ce qui concerne l’évolution des styles et des périodes, ce qui vaut pour la croix vaut aussi, mutatis mutandis, pour les autres thèmes de l’iconographie chrétienne.
L’a. fait précéder son étude des différentes périodes de l’histoire de l’art par un certain nombre d’informations historiques, archéologiques, iconographiques liées au thème de la croix. Il nous propose ainsi une interprétation des différents éléments iconographiques présents dans les représentations de la crucifixion : le titulus, la figure du Christ, le perizonium (linge couvrant la nudité de Jésus) le suppedaneum (support de bois sur lequel reposent les pieds du crucifié) le nimbe, la couronne d’épine, les plaies...ainsi que les autres éléments ou personnages entourant le crucifié : les deux larrons, le porte éponge, les spectateurs etc. Il se met ainsi en place une scénographie particulière, sans cesse reprise, modifiée, transformée au cours des siècles.
Dans son panorama historique, l’a. n’a pas oublié la contribution de la Réforme, en présentant les crucifixions luthériennes, essentiellement dues à Cranach. Il prend également soin de montrer à quel point la Réforme prépara la réponse tridentine, même si celle-ci aboutit finalement à créer une esthétique nouvelle. Belge, l’a. nous fait également découvrir un certain nombre de représentations flamandes peu connues.
La période des 19e et 20e siècle, sans être très complète, est bien traité. L’a. montre que l’iconographie de la croix reste abondante dans l’art contemporain, alors même que l’art religieux disparaît de la création contemporaine. Il n’hésite pas à montrer et commenter des représentations choquantes au regard de la foi, mais esthétiquement signifiantes, comme La tentation de Saint Antoine de Félicien Rops (1878), la Crucifixion de Paul Delvaux (1951-52) ou Trois études pour la crucifixion de Françis Bacon (1962). On regrette toutefois que l’a. n’ait pas mentionné les croix de Joseph Beuys, Arnulf Rainer ou Tapiès, trois artistes contemporains incontournables.
L’a. propose un commentaire équilibré, qui oscille entre informations historiques, notions théologiques et jugements esthétiques.