Matthias Ludwig (éd.)
Kunst - Raum - Kirche. Eine Festschrift für Horst Schwebel zum 65. Geburtstag,
Lautertal, Gerhards GmbH & Co, Verlag-und Betriebsgesellchaft, 2005.
315 pages.
Auteurs : 27 auteurs, coordonnés par Matthias Ludwig.
Le départ à la retraite du Directeur de l’Institut d’art chrétien contemporain de la Philipps-Universität de Marbourg et de l’EKD (Evangelische Kirche in Deutschland) en automne 2005, fut l’occasion de lui remette ce livre en son honneur (Festschrift), écrit par ses amis et collaborateurs. Précisons que l’auteur de ces lignes est un ami personnel de Horst Schwebel, avec lequel il travaille et échange régulièrement depuis plus de 20 ans. Le nombre d’auteurs réunis dans ce volume (27 contributions) témoigne de l’influence et de l’action de Schwebel dans tous les domaines qui touchent à l’art contemporain et à l’architecture dans leurs rencontres avec l’Eglise et le christianisme, en Allemagne surtout. Mais Schwebel fut aussi écouté et étudié hors de l’Allemagne, comme en témoignent les contributions étrangères : Autriche (G. Rombold ; M. Leisch-Kiesl), Pays-Bas (R. Steensma), Finlande (A. Kuorikoski) et France (J. Cottin).
C’est dire si les Eglises protestantes allemandes voient partir à la retraite un éminent représentant du dialogue entre le protestantisme et la culture contemporaine allemande. Schwebel, rappelons-le, fut l’un des premiers à ouvrir le protestantisme sur les richesses existentielles et "mystiques" d’un art d’avant-garde non religieux et non figuratif. Il dialogua avec les plus grands artistes allemands des années 1960-70 comme Joseph Beuys, Heinrich Böll ou Herbert Falken. Il s’est aussi beaucoup intéressé à l’architecture religieuse, pas d’abord en tant qu’espace liturgique spécifique mais, plus fondamentalement (et de manière plus protestante), en tant qu’espace pouvant mettre en forme la catégorie, si kantienne et si allemande, du "sublime" (das Erhabene).
Le nombre des contributions, mais aussi leur diversité, témoignent des différents champs de réflexion et d’action du Directeur de l’Institut de Marbourg : théologie pratique (G. M. Martin) et systématique (Dietrich Korsh), architecture (S. Kraft ; M. Ludwig, A. Gerhards ; K. Rashzok ; A. Kuorikoski), filmographie (T. Gundlach), théâtre (P. Steinacker), littérature et poésie (G.M. Martin), philosophie et herméneutique de l’art contemporain (A. Mertin, G. Rombold, L. Kallmeyer), dialogue avec des artistes contemporains (M. Leisch-Kiesl ; H.U. Schmidt-Ropertz ; B. Joswig ; B. Wilhelmi ; J. Bodwolf) , art d’Eglise ou pour les églises (M. Zink ; A. Hildmann ; A. Kuorikoski), dialogue avec le luthéranisme (R. Stensma ; A. Hildmann), le calvinisme (J. Cottin). Notons également que 9 contributions sont dues à des chercheurs et acteurs de moins de 50 ans, ce qui témoigne du fait que Schwebel a su dialoguer avec des plus jeunes, former des disciples (souvent ses anciens assistants).
Plusieurs contributions, dues à des acteurs du dialogue actuel entre l’art et le christianisme, témoignent des préoccupations les plus récentes concernant ce domaine au sein de l’Eglise protestante allemande. Je signale deux principaux sujets d’action et de réflexion : - la nécessité de transformer les temples protestants (trop nombreux et trop vastes) en d’autres lieux, ou d’adapter une partie de l’espace cultuel pour d’autres activités (sociales, culturelles, voire logements (contributions de A. Gerhards et M. Lugwig) ; - et le récent document de réflexion de l’EDK (2002) autour d’un nouveau dialogue possible avec la culture (contributions de M. Richter et H. Adolphsen).
Le livre est structuré en 4 parties, qui organisent cet immense champ de dialogue et de créativité artistique : Espace et religion (I), Art et esthétique (II), Culture et médias (III), Travaux et œuvres d’art (IV).
Notons également la présence de théologiens catholiques autrichiens, qui dirigèrent (ou dirigent encore) la revue œcuménique germano-autrichienne Kunst und Kirche (G. Rombold ; M. Leisch-Kiesl), dans laquelle Schwebel fut actif. On est enfin content d’apprendre qu’après le départ de Schwebel, et malgré les difficultés financière de l’EKD et des deux Eglises régionales de Hesse, qui co-financent l’Institut de Marbourg, celui-ci, apprécié et unique au sein du protestantisme allemand - et même européen - va perdurer ( R. Ristow). Espérons que le nouveau directeur sera à la hauteur de la tâche, et que Horst Schwebel continuera sa double activité de réflexion et de mise en relation des réseaux et des personnes s’intéressant à l’art contemporain au sein du protestantisme européen.
Jérôme Cottin