Institut protestant de théologie - Faculté de théologie protestante de Paris
83, boulevard Arago, Paris 14e.
01 43 31 61 64
Louise Merzeau est artiste photographe, et Maître de conférence en Sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris-Ouest-Nanterre-La Défense.
Elle vit et travaille à Paris.
Cette exposition d’images numériques a été réalisée à l’occasion de la rénovation de la faculté de théologie protestante de Paris. Elle a été vue par le Président de la République, Nicolas Sarkozy, le jeudi 27 mai, jour de l’inauguration des nouveaux locaux et du Fonds Ricoeur.
– Cliquer sur les images pour un agrandissement
– Unevidéo de l’artiste avec interview de l’artiste, réalisée par Brigitte Berlemont
– Consulter le site : www.merzeau.net ; en particulier la page sur laquelle se trouve la totalité des créations numériques de la série "Boulevard Arago"
– D’un côté, un bâtiment ancien rénové, consacré aux débuts de l’enseignement
universitaire protestant à Paris dans les années 1870, de
l’autre des images numériques traitées au début du XXIe siècle.
Dans l’écart entre ces deux époques se situe la création de Louise
Merzeau. Deux lieux également, ou plutôt un lieu précis, situé,
concret, matériel, et un non lieu, celui de l’extrême habilité produite
par la codification mathématique des images numériques, qui
quittent leur support original pour en investir d’autres.
– Louise Merzeau travaille sur des contrastes forts, structurants,
qu’elle exacerbe pour mieux en montrer la subtile complémentarité
: la mémoire des objets du passé et l’éphémère de l’instant présent,
l’objet créé par l’homme, mais sans présence humaine (de
fait, quasiment absente de ses prises de vue), la photo d’art et
l’image télévisuelle, la texture et l’immatériel, la matière et la pensée,
le référent présent grâce à l’acte photographique et l’abstraction
mathématique quand cette même photographie est traitée
numériquement. Il se s’agit pas d’opter pour l’une de ces polarités
contre l’autre, de revendiquer un attachement romantique au
passé ni de prôner une quelconque supériorité des nouvelles techniques
de l’information et de la communication, lesquelles sont
lourdes de questions anthropologiques, sociales et politiques. Il
s’agit plutôt de mixer tout cela, l’ancien et le contemporain, le réel
et le virtuel, pour créer du sens, ou plutôt des sens. De fait, les photographies
de Louise Merzeau sont polysémiques : elles montrent
plusieurs réalités superposées les unes aux autres, et qui ouvrent à
plusieurs lectures.
– Commençons par la polysémie présente dans l’image elle-même :
les montages numériques présentés reposent sur la technique des
calques, rendue possible par le logiciel Photoshop qui permet de
superposer puis de retravailler trois types de documents :
1. des documents d’archives liés à la création de la faculté de théologie
protestante de Paris et au fond Ricoeur ;
2. des photos du 83 boulevard Arago, avant et après sa rénovation ;
3. des cartes postales adressées à Elie Merzeau, le grand-père de
l’artiste, qui fut étudiant et résident dans ces lieux en 1907 et
1908, avant de devenir pasteur.
– On passe ensuite facilement de la polysémie de l’image à celle de
son interprétation. Mentionnons-en d’emblée trois possibles :
a) une lecture esthétique, qui met en avant les contrastes et complémentarités
des formes anciennes renouvelées par l’interpénétration
des motifs ; des objets mixés avec des écritures (très présentes
dans l’image) ;
b) une lecture philosophique (ou anthropologique) : cette mémoire
des images n’est que le reflet de la mémoire humaine, tendue entre
ces deux extrêmes : tout conserver ou tout effacer, remémorer,
réactualiser, ou au contraire oublier ;
c) une lecture théologique : le « faire mémoire » ; l’écriture comme
lieu de fixation de la pensée ; l’objet en tant que signe, ou comme
trace d’une absence qui dit une présence autre ou une autre forme
de présence. Ce sont là des thèmes centraux d’une théologie de la
Parole fondée sur l’Écriture, qui dit une incarnation au service de
la Révélation d’un Dieu d’amour.
C’est cet amour des êtres et des choses, amour d’un instant en
quête d’éternité, que l’on trouve aussi dans le geste créateur de
Louise Merzeau.
Jérôme Cottin, professeur à la faculté de théologie protestante
de l’université de Strasbourg et professeur associé
à la faculté de théologie protestante de Paris.