Paris, Cerf, (collection Patrimoines), 2018, 315 pages, 24 €
ISBN 978-2-204-12899-5
Denis HETIER, Jérôme COTTIN (éds.)
Cet ouvrage collectif a été rédigé par 14 auteurs. Il s’agit des Actes des deux premiers colloques (d’une série de 5), qui eurent lieu en 2017 à l’occasion des 500 ans de la Réforme ; d’abord à Paris (Institut catholique, Theologicum, Institut supérieur de théologie des arts), puis à Strasbourg (Université, faculté de théologie protestante).
La problématique générale des 5 colloques (les 3 autres ayant eu lieu à Florence, Italie, et aux USA), La théologie au risque de la création artistique, n’a pas empêché chaque lieu de décliner ce thème de manière particulière.
A Paris, le thème fut "De l’apparaître à l’envol", la contribution de la pneumatologie au geste artistique. A Strasbourg, la perspective fut plus historique : la contribution de la Réforme à une théologie des arts.
Ces deux thématiques constituent les deux parties de cet ouvrage, dans lequel quelques auteurs interviennent dans chacune des deux.
Concernant la première partie : "Création artistique et théologie de l’Esprit saint, "De l’apparaître à l’envol", on soulignera l’importante contribution du théologien jésuite Christoph Theobald, sur "Art et théologie. Quand un théologien rencontre l’œuvre d’art. Réflexions épistémologiques". Il manquait, en effet, un article de fond sur les fondements épistémologiques de ce dialogue entre l’art et la théologie. Voilà qui est fait.
Suit un article du François Cassingena qui fait raisonner cette relation art-théologie sur un mode poétique, presque mystique. Quelques interventions d’artistes et/ou d’étudiants de l’ISTA suivent, puis deux contributions sur l’art des premiers siècles (Isaïa Gazzola) et l’art florentin (Timothy Verdon).
On revient à la théologie fondamentale avec deux articles sur un même thème mais aux sensibilités différentes, concernant les relations entre pneumatologie et art : Jérôme Cottin sur "Le Saint-Esprit et les arts visuels. pour une pneumatologie artistique", et Jean-Louis Souletie, sur "L’Esprit qui donne chair".
Nous arrivons à la seconde partie, consacrée au colloque strasbourgeois. On rappellera ici que Strasbourg fut, au XVIe siècle, l’un des principaux foyers de la Réforme, entre le courant luthérien et le courant plus humaniste de la Réforme suisse (Bâle, Berne, Zurich), mais ville également ouverte aux idées de Calvin qui y résida pendant 3 ans.
Jan Joosten, philologue hébreu de haut niveau (il enseigne à Oxford et Strasbourg), explore rapidement "l’expérience visuelle de Dieu dans l’Ancien Testament". Suivent deux interventions d’historiens sur les rapport entre la mystique rhénane et l’image ou absence d’image (Rémi Valléjo), puis sur la multiplication des images imprimées à la Réforme, essentiellement à Strasbourg (Frank Muller).
Beat Föllmi et Jérôme Cottin montrent ensuite que la théologie de la Réforme ne fut pas ennemie des arts. Le premier à partir de la musique, le second des arts visuels et de l’architecture. En réponse Timothy Verdon donne un écho de ce que fut l’art de la Contre-Réforme, bien sûr dirigé contre le protestantisme, mais pas seulement, puisqu’il produisit le baroque, une forme d’art que l’on trouve aussi dans le protestantisme (essentiellement en Europe du Nord et en Europe centrale).
Deux autres contributions strasbourgeoises, dites en anglais ne se trouvent pas dans ce volume. Mais elles seront publiées dans le volume anglais en préparation, qui comprendra l’ensemble des interventions des 5 colloques artistiques, théologiques et œcuméniques, qui marquèrent cette année jubilaire.
Jérôme Cottin