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Portraits d'artistes

Corinne VONAESCH, les "couleurs de l’Evangile"

Corinne VONAESCH vit et travaille à Genève (Suisse)

Corinne Vonaesch
devant ses planches du livre pour enfants sur Calvin

Corinne Vonaesch, née en 1970, est une artiste engagée comme chrétienne au sein de l’Eglise protestante de Genève. Son mari est diacre dans cette même Eglise. Corinne Vonaesch témoigne de son désir d’Ecriture par ses dessins en couleurs de cycles bibliques. Inversement, elle exprime son désir de couleurs en lisant et méditant l’Ecriture.

Parmi ses peintures bibliques, réalisées en acrylique, deux cycles méritent l’attention :
 Un cycle sur "La création" (selon Genèse 1) : les 7 jours de la création sont représentés 7 tableaux qui montrent une alternance de couleurs chaudes (ocres, jaunes) et froides (bleus). Le cycle va de l’abstrait au figuratif, au fur et à mesure que les éléments de la création sont nommés. Il manque le 8e jour, le jour du repos de Dieu. Peut-être pour indiquer que pour Corinne Vonaesch, il n’y a pas de repos possible pour le lecteur de la Bible.

Jn 4 : Jésus et la samaritaine
Prologue de l’Ev. de Jean


 Un second cycle, intitulé "Couleurs d’Evangile", est beaucoup plus important. Il s’agit d’une suite de 21 tableaux sur l’Evangile de Jean, un véritable commentaire du 4e Evangile par le moyen du trait et de la couleur. On sera particulièrement sensible à l’interprétation que l’artiste a faite du Prologue de l’Evangile de Jean (Jean 1), texte tellement dense qu’il est très difficile à transcrire en image. L’artiste a exprimé la force de la lumière qui luit dans les ténèbres, l’incarnation du verbe de Dieu, sans détruire le mystère propre à ce texte, qui mêle le visible et l’invisible, qui "montre" Dieu en même temps qu’il dit l’impossibilité de le montrer. La rencontre de Jésus avec la femme samaritaine (Jean 4), que nous reproduisons ici en couleur, est tirée de cette série. Là encore, l’image traduit bien la rencontre des deux personnages, le passage du littéral au métaphorique autour de la discussion sur l’eau, mais ne montre pas trop de détails, de manière à laisser de la place pour que l’imagination du lecteur puisse produire ses propres images. Les peintures concernant le cycle de la Passion me semble plus convenues, moins originales. Peut-être la richesse de l’iconographie chrétienne autour des épisodes de la Passion a-t-elle contraint l’imagination de l’artiste. A moins que ce ne soit le climat plus tragique de ces récits qui l’ait gênée. Corinne Vonaesch est en effet une artiste de la joie : joie de la vie, joie de la peinture, joie de l’expression artistique. L’explosion de sa palette colorée le montre.

Ce que j’aime, surtout, dans la peinture de Corinne Vonaesch, ce sont ses couleurs : des couleurs insolites, originales en ce qu’elle fait cohabiter des tons qui, généralement, ne vont guère ensemble. Chez elle, ils deviennent harmonieux. Autre caractéristique : les points de vue nouveaux qu’elle adopte. Comme dans l’image de la multiplication des pains (Jean 6), où les pains et les poissons, multipliés à l’infini, deviennent presque des signes abstraits. Il faut souligner, pour finir qu’il s’agit d’une peinture méditative et qui invite à la méditation : ainsi n’a-t-elle pas hésité à traduire en peinture la prière sacerdotale de Jésus (Jean 17), ce que peu d’artistes avant elle ont fait.

On peut prendre connaissance de cette "peinture biblique" sur le site internet de l’artiste que je vous conseille d’aller voir : www.c-vonaesch.ch. Récemment, grâce à son site, une galerie d’art américaine liée aux Eglises chrétiennes (fondamentalistes !), lui a demandé de lui envoyer un certain nombre d’œuvres, qui ont ainsi émigré outre atlantique.

Il faudrait aussi parler de son récent cycle sur "les visages", lignes qui oscillent entre abstraction et figurations, et qui font penser à la peinture méditative de l’expressionniste allemand Jawlensky, et à la peinture abstraite "chrétienne" de Alfred Manessier. On pourrait aussi méditer sur ces œuvres à partir de la pensée du philosophe Emmanuel Levinas, qui parle de "l’au-delà du visage".

Je ne peux pas terminer cette trop rapide traversée sans mentionner les peintures "non bibliques" de l’artiste. Une peinture engagée, militante, qui dénonce la pauvreté, les déséquilibres Nord-Sud, l’exploitation économique des pays pauvres par les pays industrialisés. Je pense, là encore, à Manessier, qui ne pouvait séparer trois aspects de sa personne : son activité d’artiste, sa foi de chrétien et sa militance active pour un monde plus juste et moins violent.

Corinne Vonaesch interprète Calvin

Corinne Vonaesch a réalisé, avec Jérôme Cottin, un petit livret pour enfants (adolescents) sur la vie du réformateur de Genève Jean Calvin : Calvin, l’ami de Dieu (Strasbourg, éditions du Signe, 2008). Ce livret, édité à l’occasion de "l’année Calvin 2009", est traduit en allemand et polonais.

On trouvera ci-dessus un extrait des planches couleurs sur cette expression artistique destinée aux jeunes.

Jérôme COTTIN