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Bibliothèque (1990-2022)

Wilhelm Gross. Bildhauer und Prediger (1883-1974)

Mit einem Geleitwort von Wolfgang Huber.

Auteurs : Nathalie GOMMERT , Dieter WENDLAND

Wilhelm Gross fut un sculpteur remarqué en Allemagne (il gagna le prix de Rome pour les artistes allemands en 1908).
C’est au cours de ses années de vie en Italie qu’il se lia d’amité avec des artistes comme Beckmann et Barlach (son style fait d’ailleurs souvent penser à celui de ce dernier).

Ayant au départ une conception assez classique de la sculpture, il évolua tant dans la forme que dans le choix de ses sujets, suite à une subite conversion en 1914 à un "christiasnisme de coeur" (Erweckungserlebnis) c’est-à-dire un christianisme vécu et vivant. Dès lors l’étude de la Bible ne l’a plus quittée. Une Bible dont il cherche des échos dans ses formes sculptées. Son syle artistique devient alors plus "expressionniste", fait de formes non finies, plus sobres et rustiques. Ses thèmes sont clairement religieux, ce qui lui vaut l’incompréhension de ses amis artistes d’avant sa conversion.

On ne peut pas bien comprendre Gross si on ne le situe pas plus précisément dans la géographie et l’histoire de son époque. Gross est non seulement un artiste allemand, mais un artiste des régions de l’Est de l’Allemagne. Il est né et à vécu en Poméranie, à Schlawe, près de Stolp, puis à Eden près d’Orianenburg. Il a fait partie des rares et courageux artistes chrétiens d’Allemagne de l’Est, créant et témoignant jusqu’à la chute du mur (1989) dans un contexte hostile, tant au christianisme qu’à l’art d’avant-garde. Par ailleurs, ayant des racines juives, Gross fut inquiété par le régime nazi dont il perçut rapidement la nature perverse. Ce qui fait qu’il s’engagea tôt dans l’Eglise confessante, ce réseau minoritaire constitué par les (rares) protestants allemands résistant avec lucidité et courage à l’emprise de l’hitlérisme sur la société et les consciences. Gross appartenait au "conseil des frères" de l’Eglise confessante dans le Brandebourg. (Intéressant chapitre du livre sur le thème "L’art dans l’Eglise confessante", pp. 130-136, mais qui aurait pû être plus développé, en l’élargissant à d’autres artistes "confessants" possibles).

Gross n’a jamais pu séparer sa création artistique de son témoignage de chrétien. Il s’exprima ainsi doublement : en tant qu’artiste, en proposant de nombreuses sculptures pour les églises, mais aussi en tant que prédicateur. Il fut l’un des rares laïcs, non pasteur, à prêcher régulièrement (il fut ordonné "prédicateur" en 1945).

Parmi les plus de 1000 oeuvres sculptées de Gross, certaines oeuvres, sont particulièrement remarquables, et eurent un effet durable sur les auditeurs de la prédication et membres des Eglises : Ce fut le cas pour sa première sculpture momumentale, "Jésus priant à Gethsémané" (1922) qui se trouve encore sur place dans l’église protestante de Gethsémané, à Prenzlauer Berg à Berlin (l’une des églises à l’origine des mouvements de contestation de la RDA, aboutissant à la chute du mur de Berlin). Autres oeuvres aux dimensions impressionnantes : - une "Résurrection" (1934) hélas aujourd’hui détruite ; -le prophète "Amos", (1935), qui se trouve dans l’église (prot.) S. Jacob à Stralsund.

L’édition de cet ouvrage, abondamment illustré de photos en noir et blanc d’oeuvres et de témoignages familiaux, a été réalisée avec un soin particulier.

Jérôme Cottin