Thessalonique, 2e ville de Grèce (1,5 million d’habitants), possède quelques-unes des architectures d’églises chrétiennes les plus anciennes et les plus authentiques.
Quelques églises du christianisme ancien
En complément : lire l’article[bleu] "Mosaïques paléochrétiennes à Thessalonique".[prune][/bleu]
Ces mosaïques se trouvent en effet à l’intérieur des bâtiments ici décrits
[fuchia]Pour un agrandissement, cliquer sur les photos. Photos : J. Cottin[/fuchia]
En 293 l’empereur Dioclétien réorganise l’Empire de s’adjoint deux césars (c’est la Tétrarchie) dont un, Galère, en charge des Balkans (Europe orientale), lequel s’installera à Thessalonique, qui se trouve au carrefour de voies de communications entre le nord et le sud, l’est et l’ouest. La ville devient la 4e de l’Empire. Galère renforce les murailles, construit un palais impérial, un mausolée qui deviendra l’église S. Georges.
Thessalonique bénéficie aussi de sa proximité avec Constantinople, la nouvelle capitale de l’Empire en 330. Galère fut l’auteur de la dernière persécution des chrétiens (en particulier Demetrios), avant de changer de politique et de publier, peu avant sa mort, un édit de tolérance contre les chrétiens (édit de Galère, en avril 311). S. Dimitrios, le patron de la ville, est un officier romain martyrisé lors de la dernière grande persécution (303 ou 306). La ville prospère avec les premiers empereurs chrétiens, Constantin (306-337) et Théodose (379-395).
Thessalonique est annexée par le sultan en 139, puis reconquise, puis passe définitivement sous contrôle ottoman en 1430 au prix de massacres effroyables. Elle s’appellera désormais Salonique, et ne redeviendra grecque qu’en 1912.
Premiers monuments chrétiens au IVe s. Multiplication des monuments chrétiens au Ve siècle
(Appelé aussi « oratoire du Christ Latomos"). Edifice modeste, fondée fin 5e s. ou début 6e s. sur les vestiges de bains romains, et consacrée au Christ sauveur. Son plan originel était le prototype du plan cruciforme surmonté d’une coupole , et qui va devenir le prototype de l’architecture byzantine pendant des siècles : plan carré, en croix grecque, voutes en berceau distribuées systématiquement autour d’une voute centrale, élancée.
Profondément modifiée par les ottomans, cette structure en croix est aujourd’hui peu identifiable. On découvre une magnifique mosaïque d’abside du 5e s., recouverte d’enduits sous l’époque ottomane (ce qui la préserva) et dégagée en 1973-76.
Héroon, ou mausolée de l’empereur Galère (dans lequel il ne fut jamais enterré) : 24,50 mètres de diamètre intérieur, 39,80 mètres de hauteur ? Coupole à huit niches intérieure rectangulaires, surmontées d’un mur percé de huit fenêtres. Murs composés d’une alternance de couches de briques et de moellons. Voutes en berceau des niches et la coupole, en briques. On ne sait pas si le bâtiment de Galère était percé d’un oculus central, comme le Panthéon à Rome. Jusqu’à l’amorce de la coupole les murs étaient revêtus de plaques de marbre (on voit aujourd’hui les trous de chevilles qui les fixaient).
Destinée à servir de mausolée à Galère, l’édifice fut converti en église sous Théodose (fin IVe siècle), et subit des modifications au VIe siècle.
La niche Est fut agrandie pour servir d’abside, les autres niches furent ouvertes pour donner accès à un nouveau déambulatoire large de 8 mètres ; le mur de la rotonde romaine fut enveloppé dans un nouveau mur et surmonté d’un dôme ; on ajouta un narthex à l’Ouest. L’église devint mosquée en 1590 – construction d’un minaret -, puis redevint église (aujourd’hui musée).
La coupole était richement décorée de mosaïques à fond d’or dont il reste quelques éléments (voir article)
On trouve à Thessalonique deux basiliques de type « constantinien », avec les mêmes caractéristiques : trois nefs séparées par des arcades, abside semi-circulaire (sauf à Saint Démétrios, où on a un chevet plat), narthex, couverture en charpente de bois. Avec le chevet du chœur, l’abside prend l’aspect d’un triconque
Eglise ou basilique-martyrium, du 7e s. qui remplace une église du 5e s. laquelle remplaçait un sanctuaire élevé sur le lieu du martyre de Demetrios. Presque entièrement détruite après l’incendie 1917, mais il reste des éléments anciens (en particulier des mosaïques du 7e s.), et le plan basilical est resté le même. De 1493 à 1912 l’église servit de mosquée.
Vaste basilique à 5 nefs avec transept. Chevet plat, flanqué de pièces rectangulaires, et fortement remanié et enrichit au cours des siècles. Revêtement de marbres de couleur et chapiteaux sculptés. Alternance d’appuis lourds et légers (plusieurs colonnes entre deux piliers), qui sera reprise dans l’art roman d’occident. Collatéraux doubles, la seconde colonnade étant moins élancée que la première. Les tribunes entourent la nef de trois côtés et l’entrée se fait par une triple arcade, répétée deux fois, avant et après le narthex, l’atrium étant aujourd’hui détruit. Le narthex a aussi sa tribune.
Construite au Ve siècle, à partir de 447. Mentionné dans les textes byzantins comme la « grande église de la Theotokos" (mère de Dieu), jusqu’au 14e siècle, puis appelée Acheiropoietos (« non faite de main d’homme »), et Eski-Djuma pendant la période ottomane, où elle fut la première église de Thessalonique à avoir été transformée en mosquée en 1430. Restaurée en 1912, elle comporte de nombreux chapiteaux corinthiens et des mosaïques du Ve s.
Les tribunes entourent la nef de trois côtés et l’entrée se fait par une triple arcade, répétée deux fois, avant et après le narthex, l’atrium étant aujourd’hui détruit. Le narthex a aussi sa tribune.
Impression de calme et de majesté qui se dégage des larges nefs bordées de colonnes et piliers. Effets de lumière intenses, à cause des grandes et nombreuses fenêtres, tant au rez-de-chaussée qu’à l’étage. A la hauteur des tribunes, les murs latéraux sont de véritables verrières ;
Construite au 7e s. ; remplace une première basilique du 5e s., détruite par un séisme en 618 ; bâtie du 8e s. Devint le lieu de culte des francs (en 1204), puis mosquée en 1585 ; endommagée par un incendie, puis reconstruite pas les ottomans
Mosaïques dans la coupole datent du 9e s.
Jérôme Cottin