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Bibliothèque (1990-2022)

The Substance of Things Seen

Art, Faith, and the Christian Community

Auteur : Robin M. JENSEN

Pour Robin M.Jensen, l’art ne peut être ignoré de l’Eglise.
Professeure d’Histoire de l’Art Chrétien, R.Jensen part de l’expérience personnelle de son enseignement. Clair et accessible, ce livre réuni un ensemble de conférences proposées en contexte d’Eglise et au monde universitaire. De nombreuses illustrations iconographiques ainsi que des exemples viennent alimenter son propos pour la mise pratique d’un dialogue entre la théologie et l’art dans le cadre de séminaires, de groupes d’études ou de formations, afin d’en faire profit pour tout dialogue communautaire ou œcuménique -ce qui reflète bien l’intérêt grandissant pour ce sujet outre-atlantique...

À la lecture de « The Substance of Things Seen » il transparaît une grande sensibilité, et le titre évoque bien l’esprit de son contenu. « La Substance des Choses Vues » est un croisement entre connaissance et intuition. Six chapitres traitent de thèmes autour de la Théologie de la Vision. Ces chapitres allient la connaissance historique et philosophique de la tradition chrétienne, avec l’audace de découvertes spirituelles au travers de l’art.

1. Visual Art and Spiritual Formation in Christian Tradition
(L’art visuel et la formation Spirituelle dans la tradition chrétienne)

2. Visual Exegesis : Sacred Text and Narrative Art in Early Christianity
(L’exégèse visuelle : le texte sacré et l’art narratif dans la chrétienté primitive)

3. Idol or Icon ? The Invisible and the Incarnate God
(Idole ou Icône ? L’invisible et le Dieu incarné)

4 .Beyond the Decorative and Didactic : The Uses of Art in the Church
(Au-delà du décoratif et du didactique : l’utilisation de l’art dans l’Eglise)

5. Holy Places and Sacred Spaces
(Lieux sacrés et espaces sacrés)

6. The Beautiful and the Disturbing : Art, Taste, and Religious Value.
(Le beau et le dérangeant : art, goût esthétique et valeur religieuse)

Cette étude est à la fois ancrée dans une réalité qui dépasse les limites ecclésiales d’une congrégation chrétienne américaine, et dans la réalité d’un invisible à découvrir dans l’art. Un croisement enrichissant entre foi chrétienne et art. Le but de Robin Jensen est également d’offrir une nouvelle approche du culte (worship practices) dans les communautés chrétiennes où se joue un renouvellement de pratiques liturgiques, et dans laquelle l’art visuel peut avoir sa place et un rôle. Par exemple au sein de la prière, ou comme porteur d’un message ou d’une parole.
Car, que serait l’Eglise sans art ? Comment exprimer la foi sans la musique, la poésie ou l’image ? Selon Robin Jensen, les théologiens auraient aujourd’hui besoin de comprendre l’art comme étant encore et toujours une invitation à la dévotion et à la contemplation. L’art abstrait peut être vu comme une aide à la quête d’une révélation divine.

Quelques thèmes et questions qui jalonnent le livre et permettent de fonder la thèse de la nécessité pour l’Eglise Chrétienne de s’ouvrir à l’art visuel :

 Notre capacité à créer ; l’art comme expression d’un monde invisible.
 L’art comme vision différente du monde : quelles perceptions ?
 L’exégèse visuelle : les différentes « lectures » d’une œuvre, la question de l’interprétation.
 La problématique de l’idole ou l’icône soit de l’Invisible et de l’Incarnation
 L’utilisation et la fonction de l’art dans l’Eglise : aller au-delà de son but décoratif ou didactique, vers l’aide à la contemplation.
 L’Eglise comme critique d’art : ses peurs et craintes et sa difficulté à accepter l’image violente, controversée et non conventionnelle, mais reflet de la réalité (un dialogue est à faire). Ce que R.J. nomme « l’offense artistique ».
 Le rôle prophétique, ou l’éthique des arts visuels (y compris la photographie) -comment l’art peut affecter le regard humain sur le monde, avec par ex. le « shock art ».
 Les différentes visions et perceptions du Christ : des Evangiles à l’art contemporain.
 L’importance du visuel dans nos sociétés et de sa place pour un appui spirituel.

Le dernier chapitre intitulé « Le beau et le dérangeant : art, goût et valeur religieuse », résume le ton du livre qui prône la nécessité d’un véritable rôle pour les arts visuels dans l’Eglise et sa communauté. Quelle est la valeur religieuse face au beau comme au laid dans l’art ? Quelle vérité s’exprime alors pour la foi chrétienne ? L’art peut-il être porteur d’un message au profit de l’Eglise ? Et enfin, quel serait notre monde sans artistes ?

Il est dommage que Robin Jensen ne propose pas de bibliographie. Mais l’occasion de pouvoir lire les propos sensibles et limpides d’une historienne de l’art en contexte d’Eglise ne se rate pas. Elle est une personne qui « nous parle ».

Claire DUNEAU