Recueil d’études édité par Stephan LAUBER, Othmar KEEL et Hans-Ulrich STEYMANS, – avec un "Vorwort" de Manfred WEIPPERT, in coll. : "Orbis Biblicus et Orientalis", Vol. 271, Academic Press, Fribourg - Vandenhoeck & Ruprecht, Göttingen, 2015, XXXVI + 380 pages ill. Prix : 113 CHF/ 103 Euros.
Jean-Georges HEINTZ
Cet ouvrage pourrait décontenancer les non spécialistes et lecteurs de notre site, par sa grande érudition et son thème, l’archéologie de l’ancien Orient en rapport avec le monde sémitique. Mais plusieurs de ses chapitres touchent à la question de la représentation, et sont donc tout à fait dans la ligne des préoccupations de "Protestantisme & Images". Ce sont les articles suivants :
– Le « feu dévorant », un symbole du triomphe divin dans l’Ancien Testament et le milieu sémitique ambiant (pp. 141-153).
– De l’absence de la statue divine au « Dieu qui se cache » (Ésaïe 45/15) : aux origines d’un thème biblique (pp. 155-167).
– Langage métaphorique et représentation symbolique dans le prophétisme biblique et son milieu ambiant (pp. 223-243).
– Ressemblance et représentation divines selon l’Ancien Testament et le monde sémitique ambiant (pp. 245-264).
Ce volume réunit 19 études du Professeur émérite Jean-Georges Heintz, de l’Université de Strasbourg, parues entre 1969 et 2001. Elles concernent les origines, formes et fonctions du prophétisme et de la littérature prophétique dans l’aire ouest-sémitique et leurs liens avec la théologie de l’alliance et de la souveraineté divine. Ce champ de recherche est étudié à partir des textes babyloniens de Mari et de la littérature syro-palestinienne, en premier lieu la Bible hébraïque, en regard de l’évolution des institutions et des traditions, notamment à la lumière des relations entre l’iconographie proche-orientale et le langage figuré de l’Ancien Testament. Une préface en langue allemande de Manfred Weippert introduit le volume en présentant un résumé et une analyse critique de chaque contribution.
La partie centrale de l’ouvrage illustre bien cet enracinement historique et toute la richesse et la densité culturelles et religieuses de cette thématique : du « feu dévorant », en tant que symbole de la souveraineté divine, au thème de l’ « absence (de la statue) divine », mode de présentation a contrario de l’importance de la présence de Dieu ; de la métaphore prophétique, avec la richesse de ses implications visuelles et existentielles, au motif de l’homme créé « à l’image de Dieu », tous ces modes d’expression bibliques rejoignent et fondent – en référence à la koïnè de l’époque, mais en se démarquant fondamentalement des représentations du Proche-Orient antique – le message central du Dieu unique et vivant, pierre de touche de la théologie biblique (Ancien Testament).
Jean-Georges Heintz (né en 1939), études de théologie et d’archéologie à Strasbourg, Aix, Genève et Jérusalem. De 1965 à 1978, chargé d’enseignement, puis de 1978 à 2008, Professeur d’Ancien Testament à la Faculté de Théologie Protestante de l’Université de Strasbourg, où il fonde, en 1969, le « Groupe de Recherches et d’Études Sémitiques Anciennes ». De 1969 à 2000, chargé des conférences d’épigraphie sémitique à l’École du Louvre, Paris.