(Forschungen zur systematischen und ökumenischen Theologie 68), Göttingen : Vandenhoeck & Ruprecht, 1993, 23 cm, 452 pages, ISBN 3-525-56275-6
Auteur : Matthias ZEINDLER
La thèse de Zeindler s’inscrit dans les efforts de la théologie contemporaine - y compris protestante - visant à redécouvrir la dimension esthétique de la foi et ses lieux de vérification pratiques (architecture, image, musique, liturgie). L’a. a choisi une approche résolument systématique du sujet (confronter Dieu et la beauté), ce qui l’a conduit à redéfinir le concept de beauté, trop marqué par les traditions métaphysiques et philosophiques.
Certes, la beauté n’est pas une notion biblique forte, mais il existe dans la Bible des concepts proches comme celui de "gloire". Par ailleurs la beauté, comme tout ce qui est donné à l’être humain, est un don du créateur, et ne saurait être exclue du plan salvateur de Dieu. Enfin, la modernité nous oblige à redéfinir la notion de beauté, qui est à penser comme une relation et non comme une substance. Depuis la disparition de l’idée métaphysique du beau, la beauté devient une notion existentielle, qui peut s’exprimer sub contrario, c’est-à-dire à travers le laid.
L’auteur explore ensuite trois lieux bibliques de manifestation et d’expression de la beauté : la beauté de Dieu, la beauté de la création, la beauté de la culture. Chacun de ces thèmes est étudié deux fois, d’abord sous l’angle de l’histoire de la recherche, puis sous l’angle d’une recherche plus spécifique, ce qui n’est pas la meilleure façon d’éviter les redites. Le théologien réformé barthien qu’est Z. est évidemment plus à l’aise avec les deux premiers thèmes qu’avec le troisième. On est tout de même surpris de l’absence de toute référence à Tillich à propos de la beauté de la culture, alors qu’il s’agit sur ce thème d’un théologien incontournable. La faiblesse du traitement de ce troisième thème étant relevée, il reste à approuver le sérieux, l’exhaustivité, l’originalité même avec lesquels sont traités les deux thèmes majeurs, ceux de la beauté de Dieu et de la beauté de la création.
Les deux seuls théologiens protestants à avoir clairement dit que Dieu est beau sont le puritain américain Jonathan Edwards au 18e siècle, et Karl Barth à notre époque. C’est peu certes, mais nous avons là une base dogmatique solide permettant de développer ce thème. A la suite de ces théologiens, l’a. insiste pour dire que la beauté est une qualité ad extra, qui souligne l’objectivité de Dieu. Comment le croyant peut-il faire l’expérience de cette beauté ? Par la fruitio Dei, la jouissance de Dieu, concept augustinien que l’a. se propose de remettre en valeur. Ainsi la théologie peut-être se penser, comme la fait Barth, de manière narrative et contemplative. Il est donc possible d’affirmer que Dieu est beau, tout en maintenant le mystère de son être et l’altérité de sa personne.