Auckland- Mayknoll-Toronto-Geneva : Pace Publishing-Orbis Books-Novalis-WCC Publications, 2001. 159 pages dont 107 planches couleur. ISBN 2-8254-1339-9
Auteur : Ron O’GRADY
Cet ouvrage est publié par l’Association pour l’art chrétien en Asie, et fait suite à une précédente publication, du même style et du même auteur, à propos de l’art chrétien en Asie : The Bible through Asian Eyes, . Mais ici la perspective est universelle : il s’agit de montrer qu’un art chrétien authentique, de qualité, est présent aujourd’hui sur les 5 continents. On sera particulièrement intéressé par les témoignages artistiques des continents non occidentaux : Afrique, Océanie, Asie, Amérique latine. Et on ne sera pas étonné de voir que ces continents, qui sont aussi ceux où le christianisme est le plus vivant, produisent un art chrétien confessant comme on n’en trouve plus guère dans les pays occidentaux. Chez nous ce type d’art serait considéré comme de l’artisanat ou de la catéchèse en couleur. Sous d’autres latitudes, il s’agit d’une expression naturelle de la foi en même temps qu’une forme d’art acceptée et reconnue. C’est que le divorce entre la foi et la vie, entre l’art et le christianisme n’a pas eu lieu dans la plupart de ces pays.
Les auteurs nous montrent de beaux exemples d’inculturation de la foi par l’art : ainsi une école indoue d’Art pour la paix mélange l’ancienne tradition indoue du Karam et des récits évangéliques. L’un des exemples est le thème du « Christ, arbre de vie », abondamment traité par les artistes. Sous d’autres cieux, il s’agit plus d’actualisation que d’inculturation : un artiste américain, Roger Brown, représente fait entrer le Christ non à Jérusalemen, le jour des Rameaux, mais à Chicago. Une autre artiste américaine, Janet McKenzie, a représenté un Christ du peuple de couleur noire. Elle a obtenu pour cette peinture le premier prix d’un concours autour des représentations de Jésus, lancé en l’an 2000 par le National Catholic Reporter.
L’ouvrage est précédé d’une introduction sommaire sur 2000 ans d’art chrétien. Il dit ainsi sa dette aux pays occidentaux, qui ont produit pendant des siècles un art chrétien de qualité, qui fonde la mémoire visuelle du christianisme. Mais l’ouvrage suggère aussi qu’aujourd’hui l’art chrétien est moribond en Europe. Il y a là quelques excès qu’il faudrait corriger, et surtout une certaine méconnaissance du fonctionnement et des règles de la création artistique contemporaine dans nos pays : nos auteurs ont ainsi inclus la Crucifixion de Picasso (1930) dans cet ouvrage (alors qu’il s’agit bien d’une crucifixion non religieuse), ne retiennent guère que Chagall (qui était juif) et Rouault parmi nos peintres actuels (alors qu’ils sont déjà fort anciens), et en oublient de nombreux autres qui travaillent aujourd’hui. La question de la post-modernité et de la sécularité ne se pose pas de la même manière pour eux que pour nous.
Malgré cela, l’ouvrage est inestimable, ne serait-ce parce qu’il corrige une idée fausse qui habite nos contemporains : l’art chrétien serait encore aujourd’hui (comme il l’était hier) occidental. Cet ouvrage nous montre qu’il n’en est rien.