(Thémis philosophie), Paris, PUF, 1997, 322 pages. ISBN 2-1304711-9.
Auteur : Jean-Jacques WUNENBURGER
Cet ouvrage est le bienvenu. En effet, à l’heure où toutes les disciplines des sciences humaines s’intéressent aux images, une question n’a pas été résolue (et ne le sera vraisemblablement jamais entièrement) : une image, c’est quoi au juste ? Où commence et où s’arrête le domaine de pensée, d’action, d’affect couvert par la notion à la fois floue et incontournable que l’on appelle « image » ?
L’a., qui a déjà beaucoup travaillé et publié sur la notion voisine d’ »imagination », propose une clarification philosophique, méthodologique et épistémologique sous forme de plaidoyer : « non seulement la philosophie ne peut plus se désintéresser de l’image, mais elle est invitée à la réévaluer » (XII). Pour cela, il s’est employé à trois tâches principales.
Dans la première partie, « Le monde des images (pp. 3-100), l’a. met au clair quelques préalables méthodologiques relatifs à la typologie des images, à la question de la « représentation ». Dans une seconde partie, « La nature des images » (pp. 101-198), il reconstitue l’arrière-plan théologique (en fait scolastique) et métaphysique qui sous-tend le traitement des images dans la tradition philosophique occidentale. C’est à ce propos qu’il aborde les questions classiques de la mimesis et de l’ontologie des images. Dans une troisième partie intitulée « Fonctions et valeurs des images » (pp. 199-292), il rend compte, d’un point de vue à la fois cognitif et pratique, de différentes fonctions et valeurs attribuées aux images.
L’a. conclut sur la double nature des images, leur « identité à mi-chemin », dans la mesure où elles sont à la fois « semi-concrètes, semi abstraites, tissées de sensible et d’intelligible », le « point nodal de la plupart des questions théoriques et pratiques ». C’est pourquoi l’image se trouve au centre d’une interdisciplinarité qui convoque à la fois la métaphysique, l’épistémologie, la philosophie de l’art, la morale et la politique (curieusement, l’a. oublie, dans cette liste, la psychologie et la théologie, alors qu’il insiste par ailleurs sur le fait que l’image renvoie à « la nature imagée de l’homme, c’est-à-dire à l’homme imageant »). Le théologien se réjouira d’apprendre que, pour finir, l’a. situe l’image qui est « invitation à une pensée profonde » plus dans le domaine du concept que dans celui de l’objet.
On regrettera simplement que, dans les quelques pages succinctes consacrées à l’image comme manifestation du sacré et du religieux (pp. 287-290), l’a. se soit contenté d’observations sommaires empruntées à l’histoire des religions, sans entrer dans une véritable confrontation avec la problématique de l’image dans la théologie (et pas simplement la scolastique) chrétienne.