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Portraits d'artistes

Les lauréats du Concours 2007 et "coup de coeur"

Organisé par le groupe genevois de Protestantisme & Images sur le thème : "Je te dévore ou je te parle ?" (Genèse 2,4 à 3, 24)

 Pour connaître le réglement du concours et les textes proposés à l’interprétation : cliquer ici
 Pour la séance de remise des prix, cliquer ici
 Exposition et manifestions à Genève (temple de la Fusterie). Cliquer ici

Dessin de Nicole Dupont

Nicole DUPONT (Paris), 1er prix ex-aequo dessin-peinture

 Présentation de l’artiste :"Dans une famille réformée et libriste, la Bible a été mon premier livre et reste toujours à mon chevet. J’ai mené parallèlement une vie d’ingénieur projets en transports, et une autre de peintre et sculpteur. Depuis plus de quinze ans je travaille la pierre et le bois sur des thèmes généralement abstraits ; et j’apprends à écrire des icônes avec l’atelier orthodoxe Saint Jean Damascène. L’année dernière, le pasteur de ma paroisse réformée de Béthanie (Paris) m’a proposé d’illustrer son prochain livre, ce qui m’a fait oser dessiner librement à partir de la Bible. J’ai également rejoint le groupe protestant des artistes".

 Commentaire de l’oeuvre : L’annonce du concours, paru dans Réforme, a fait résonner chez moi un ancien questionnement : où est la faute à vouloir la connaissance ? l’humanité ne doit-elle pas assumer le processus d’individuation ? Un enfant ne doit-il pas s’opposer au Père pour grandir ? Cette felix culpa, selon St Augustin, suscite la venue du Christ... L’été dernier je découvrais Litta Basset "moi je ne juge pas", qui éclaire la différence entre connaissance et jugement. Votre formulation "je t’aime ou je te dévore" arrivait à point nommé, et les textes joints m’ont bien intéressée.

L’élaboration du dessin m’a permis de retravailler ceci de façon ludique. La naissance de la conscience est représentée par le couple dans l’oeuf primordial en forme de pomme : dans le ventre de sa mère, l’enfant la dévore de l’intérieur. Cette pomme n’est plus dans l’arbre, ni clairement au sol : les repères ont disparu, Dieu n’est plus visible ce qui permet la désobéissance.

Le serpent est là dès l’origine, d’où mon titre "le ver est dans le fruit" : il sépare les jumeaux Adam et Eve, et sa sortie en forme de queue est un clin d’oeil pour Marie Balmary. J’aime beaucoup le symbole du serpent : debout c’est la force de vie, Moïse en a bien fait dresser une image dans le désert ; rampant et sinueux, il sème la confusion "tous les arbres sont interdits ?". Vertical ou horizontal, il suit les directions de la croix.

Le dessin se situe au moment du dialogue entre Eve et le serpent. J’ai de la tendresse pour la curiosité d’Eve, à son côté Adam n’est pas encore éveillé ; ils se complètent comme le yin et le yang que dessine leur reflet en ombre et lumière, les deux aspects de l’existence évoqués par Bernard Rordorf, tout aussi nécessaire l’un que l’autre.

Mais faut-il vraiment parler de tout cela ? Le mystère de l’art, c’est de transmettre une émotion, qui ne passe pas par la raison".

Caroline TONGAS (Grenoble), 1er prix ex-aequo dessin-peinture

Peinture de Caroline Tongas

 Présentation de l’artiste : La plasticienne Caroline Tongas, née à Paris, vit et travaille depuis plusieurs années à Grenoble.
Un fil conducteur traverse ses vingt années de création, la nature humaine, et l’essai sans cesse renouvelé d’en représenter des réalités perceptibles.
Aujourd’hui, plus que jamais fidèle à son sujet, C. T. en multiplie les approches techniques, pratiquant le monumental, la peinture à fresque, ou s’essayant à la vidéo.
En 2005 elle crée une installation lumineuse de trente m² à la demande de la paroisse protestante de Grenoble, utilisant l’altuglass, les tubes néon, la peinture acrylique.
Le thème du Lavement des pieds s’impose, elle cherche à en saisir l’humilité.
Depuis peu elle centre sa création sur le visage seul, à l’instar d’une immense question surgie de l’intime et utilise pour cela la démesure de grands formats.


 Commentaire l’oeuvre : "J’ai reçu l’information au sujet du concours de Protestantisme et Images par l’entremise de ma sœur Estelle Zuber qui l’avait elle même relevée dans un numéro de la revue Réforme.
Je fais aujourd’hui partie de la paroisse de Grenoble mais j’ai reçu l’éducation religieuse protestante à la paroisse du Vésinet dans les Yvelines à l’époque du pasteur Costil.
L’idée du concours m’a plu. En premier lieu parce que c’était difficile, les explications jointes soulignant cet aspect... J’aime les paris. Affronter les difficultés, voir jusqu’où je peux aller.

Le principe du concours permet cette confrontation sans danger ; je remercie à ce propos les organisateurs qui ne savent peut-être pas à quel point la création dans un tel cadre est à la fois exaltante et sécurisante pour de nombreux artistes dont la réserve et la difficulté à se faire connaître est criante. Je fais partie de ceux là.
Le tableau représente un couple. Je pense qu’on ne pouvait pas en faire l’économie. Je savais avant de commencer que j’avais cette chance là : il allait être question de visages...
Visages devant exprimer un résumé évident et compréhensible d’emblée des beaux textes joints... hum ! Mission impossible...
Alors, raté pour raté, on se lance. ( là intervient ce don que je soulignais précédemment : la forme même du concours qui limite tant la prise de risques ) On commence par s’imprégner de mots. On emporte même une chemise bleue en vacances, celle qui contient l’intégralité des documents ayant trait au concours. On culpabilise de ne pas l’ouvrir autant que l’on devrait, occupé que l’on est par les plaisirs légers de l’été... Attention, le temps se fait moins long d’ici l’échéance...Alors on en parle aux amis, aux enfants, non pas pour qu’ils donnent de réelles pistes de travail...non, je ne crois pas, mais plutôt pour qu’ils nous aident à croire en nous, pour qu’enfin on ose entrer dans la création.

Mon tableau, dans l’urgence des dates, s’est imposé enfin. Au milieu du chaos : le regret, la douceur, la nostalgie, la dépendance, les limites de l’amour humain... vers le haut, l’espoir et la lumière.
La texture « usée » du tableau, pour le temps humain qui parfois nous dure.
Les parties au crayon, dans une idée de fragilité de la chair.

Les visages qui s’opposent aux corps enlacés illustrent la difficulté du couple, l’impossible face à face que la proximité des corps n’arrive pas à compenser. Leur technique même d’exécution les sépare. Il reste cependant cette impression de douceur... la marque que, peut-être, peut-être..."

Sylvie POTARD-TSCHIEMBER (Quimper), 2e prix dessin-peinture

S. Tschiember
Détail de "chair de ma chair"

 Présentation de l’artiste : Parisienne, elle vit en Bretagne depuis 1976. Mariée, deux enfants, elle enseigne les Arts-Plastiques en collège et en lycée.
Protestante - Luthéro-réformée, prédicateur laïc dans une Eglise Réformée du Finistère et peintre, elle associe foi et expression plastique, afin de communiquer « haut et fort » par des mots, des couleurs et des formes la Parole qui fait vivre. Elle peint l’amour de Dieu en Jésus-Christ à la recherche de l’homme pécheur, l’image et sa polysémie faisant écho à l’écriture.

Sa démarche est enrichie de référents artistiques (impressionnisme - nabis - fauvisme - abstraction lyrique - orphisme - nouveau réalisme) et spirituels (fraternité des veilleurs). Ses dernières toiles parlent de « la bonne action » de Marie-Madeleine et de son cheminement intérieur.

A la lecture de Genèse 2 : « Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair ! » Genèse 2, 23.

 Technique : Toile de lin montée sur châssis, Zinc ouvert au chalumeau, Texte écrit au vernis trempé dans l’acide nitrique. Organdi 60 x 60 cm
« Dieu forma une femme de la côte qu’il avait prise de l’homme. »
 Signification de mon travail : "Le zinc symbolise l’homme, l’organdi la femme sortant du corps de l’homme par la fente ouverte par Dieu. L’homme et la femme son unis par Dieu pour un dialogue.L’homme est toujours à la recherche de ce qui lui manque et à eux deux. Ils ne font plus qu’un".

Hans SCHÖPFER (Genève), 3e prix dessin-peinture

Hans Schöpfer
Fiat Homo, 2007


 Présentation de l’artiste : né en 1940 à Lucerne (Suisse), il étudie les sciences politiques, la sociologie, la théologie et l’histoire de l’art à Paris, Rome, Bâle et Munich. Il participe à de nombreuses expositions en Suisse, tout en se spécialisant sur l’Amérique latine.
En 1980 il fonde et accompagne un groupe pour le développement de l’art dans le tiers monde, puis devient professeur de politique du développement et de théologie interculturelle à l’Université de Fribourg. Auteur de plus de 200 oeuvres d’art publiées dans des publications fédérales, il participe à de nombreux commissions et jury, en Suissse.

 Commentaire de l’oeuvre : "La phrase "je te dévore... ou je te parle ?" indique d’un côté la dichotomie de la vie humaine : mourir vivre, souffrance joie, haine amour, égoïsme- communauté, se taire parler.
De l’autre côté elle parle du compromis : rencontre, dialogue, partage créatif et collaboration. Depuis 1994, il ne se consacre plus qu’à la création artistique, sous différentes formes.

La peinture Fiat Homo essaie d’illustrer cette réalité avec un monde figuratif semi-abstrait. Il n’y a pas seulement le contraste blanc et noir, mais aussi la symétrie : la totalité se comprend seulement, si l’on regarde les deux côtés. Souvent on se découvre mieux dans le dialogue - "dans le miroir de la communauté".
La personne humaine au milieu de l’image apparaît (même si elle est en blanc) semblable à une ombre, fantomatique. On ne sait pas, si elle s’approche de moi ou si elle s’en va. Si elle s’en va, elle s’approche du monstre noir. La figure blanche se perd dans l’abîme des forces obscures. Si la figure blanche fuit le monstre, elle s’approche de celui qui la regarde, en cherchant de l’aide, prêt à dialoguer et à s’enfuir de son côté obscure.

Les lignes courbées symbolisent la recherche d’une meilleure vie. Les deux visages abstraits à la marge de l’image représentent finalement la rencontre, le "trouver solution", le "je te parle". Cela justifie le titre "fiat homo", c.a.d. "la naissance d’un meilleur être humain qui n’est pas mis au monde en état parfait"’, "d’un homme entier" qui doit se développer pendant toute sa vie en communauté, toujours à la recherche et en dialoguant..."

Sophie JATON (Genève), 2e prix photo

 Née en 1964 à Genève, Sophie Jaton vie et travaille à Genève. De 1980 à 1985 elle suit une formation à l’Ecole des Arts décoratifs de Genève, section graphisme. De 1986 à 1989 elle exerce comme graphiste, dans desagences de publicité. En 1990 elle ouvre son propre atelier de graphisme et à partir de 2001 elle commence un travail de vidéo et de photographie.

Sophie Jaton
La faim d’Eve, 2007


 Commentaire de l’auteur qui s’est inspirée du texte du théologien B. Rordorf et d’un épisode d’Alice au pays des merveilles :
"Par l’audace de son acte, « manger le fruit défendu », à l’instar d’Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll, Eve s’est enrichie d’une expérience qui lui a permis de « grandir », de changer de statut, symbolisé ici, par la grandeur de sa taille. Le vêtement représente son changement de condition, son innocence perdue, dûe à son accès au savoir. La couleur rouge incarne la force d’action, la passion et le courage.
Mais, le geste paraît incertain, Eve se penche-t-elle sur Adam pour partager le fruit de sa découverte ou pour le dévorer à son tour ?"

Godelieve VANDAMME (Bruxelles), 3e prix photo

Présentation de l’artiste : elle est née à Bruxelles en 1956. après une licence de droit, elle fait des études d’art plastique ; en 2004 elle obtient une bourse de recherches de la Fondation de la Tapisserie à Tournai. elle a participé à différentes expositions en Belgique et au Dannemark.

G. Vandamme
Je te dévore ou je te parle, 2007

Le coup de coeur de P&I Paris : Gilles CALZA (La croix-de-Rozon, Suisse)

Quelques représentants du groupe P&I de Paris, présents à la remise des prix du Concours, ont eu un "coup de coeur" pour cette oeuvre originale en même temps qu’un peu inquiétante, et qu’ils vous font découvrir

L’oeuvre de Gilles Calza, Souffrir/ s’offrir est une oeuvre en relief : d’une pomme véreuse (mais il pourrait aussi s’agit d’un coeur), sortent toutes sortes de personnages et éléments, plutôt effayants à vrai dire. L’oeuvre pourrait très bien être une métaphore de l’origine du mal.

Gilles Calza
Souffrir/s’offrir
G. Calza, détail de l’oeuvre
Souffrir, s’offrir

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Valérie et Martine
devant l’oeuvre de G. Calza